Dolomites, Pale di San Martino 2018 - 19 et 223 août 2022 Monte Agner, Pilastro Bee. Le Monte Agner, surnommé “El gigante » à cause de ses dimensions phénoménales propose la plus longue voie des Dolomites avec les 1600m du Spigolo nord, quasi notre Eiger ! Il est évident que nos chemins allaient un jour nous conduire au pied du colosse ; mais pas par la voie classique. C’est le « Pilastro Bee » de la face nord-ouest, décrit comme la plus belle voie de l’Agner dans un numéro de « Vertical », qui nous attire. Il s’agit d’une voie de 20 longueurs dont l’accès nécessite déjà pas mal d’acrobaties et quelques heures d’efforts.
Trilogie dans les Pale di San Martino 3.08.2019, après une (très) courte nuit, départ à la frontale sur le sentier des « cacciatore » et la voie Scalet / Biasin du Sass Maor. Suite à notre tentative de « Supermatitta » l’an passé, nous connaissons bien le terrain. C’est tout essoufflés que nous arrivons au pied de la voie après un jogging de 1000 mètres. Les longueurs s’enchaînent en flairant le bon itinéraire et en trouvant les lunules pour nous assurer un peu. Puis vient la zone jaune surplombante où Matt, le leader joue au Mikado, je ne suis pas en reste en second avec certaines traversées. A la moitié de la voie, changement de leader, changement de caillou aussi, dans une ambiance démente. J’évolue sur un splendide rocher gris, d’abord prisu, puis lisse, en vieux VI+. Les quelques rares pitons à moitié enfoncés me prouvent que je suis encore dans le juste. Ce que j’en retiens, c’est que même si l’escalade a beaucoup évolué depuis 1964, année de l’ouverture de cette voie, on se met encore bien au taquet, on pourrait même dire qu’on fait toujours son petit solo dans certaines sections où il est impensable de prendre un vol. Puis viennent des passages de VII+ sur vieux pitons où l’on sert les prises de façon inappropriée, le poids de la journée commence à se faire sentir. Enfin vient le IX libéré par Manolo où il est plus sage d’utiliser un étrier. Magnifique escalade impressionnante ! Nous descendons rapidement au Rifugio del Velo della Madonna pour récupérer un peu.
5.08.2019, après une bonne nuit dans le bien joliment gardé refuge…, cap sur une tranche d’histoire avec la mythique voie Buhl (1950) de la Cima Canali, qu’une vieille connaissance nous avait vivement conseillé. Ce fut pour nous un excellent jogging. Respect tout de même au grand Hermann, sa ligne de fissures est vraiment majeure. Après avoir passé par le sommet et sa chaotique descente, heureusement marquée de points rouges, nous nous sommes attablés au refuge à midi précise pour un repas bien mérité. C’était notre troisième jour, il ne nous en fallait pas plus. Il est temps de descendre, trouver un camping et une douche dans une autre vallée et attendre qu’une grosse vague d’orages passe. Nous sommes confiants pour de nouvelles aventures, nous nous y sommes bien préparés.
31.07-01.08.2018: Sass Maor, face sud-est, tentative à la Supermattita. Sur cette espèce de grande fusée calcaire traînait un vieux rêve commun, la Supermatitta ouverte par Manolo en 1980 avec seulement 7 pitons. Nous nous sommes levés à 3 heures du mat’ et avons deviné au clair de lune l’ombre de cet El Cap dolomitique tombant sur nous. Nous avons attaqué aux toutes premières lueurs du jour et surtout bien repéré la vire de la voie Solleder, 600m plus haut qui constitue la seule échappatoire, au cas où. Argument qui a fait son poids dans le choix de nos projets. Pour le reste, le V du topo ressemblait à du 6b, le VI à je ne sais pas quoi. Nous n’avons même pas osé imaginer le VII annoncé dans les longueurs du haut, péteuses en plus. 2-3 rares clous et lunules nous indiquaient que nous ne nous étions pas encore tout à fait perdus. C’est plus simple d’ouvrir une nouvelle voie que de vouloir répéter celle là. La joie de grimper dans cet énorme et impressionnant bouclier était pourtant bien présente. Puis, le ciel s'est chargé doucement, nous avons réussi à repérer un SPIT d’une voie plus récente qu’il est possible de rejoindre sans être trop au taquet dans une traversée de la mort avec nos cerveaux fatigués. Par 3 longueurs de cette voie nommée « Onyx », où le V était bien du 5 et le 6b du 6b, nous avons rejoint la vire Solleder avec les premières gouttes. Là, nous avons choisi de descendre cette vire, aller manger et dormir au rifugio Velo della Madonna, plus éloigné que ce que nous pensions et revenir terminer « Onyx » le lendemain. Nous n’avions rien pour bivouaquer donc cette solution nous allait tout à fait. Après s’être ravitaillés en bonne et due forme, pendant un nouvel orage, et reposé un peu, le réveil à sonné à nouveau alors qu’il faisait encore nuit. Puis nous sommes revenus au point atteint la veille pour sortir ce Sass Maor. Mais voilà, après un beau mur en vrai 5+ et une cheminée glauque en vrai 6, nous n’avons plus trouvé d’intérêt autre que la gaz fabuleux qui se déroulait sous nos pieds, avec du A0 dans toutes les longueurs et du rocher très péteux pour les passages de libre. Sans parler de la fatigue et du nuage noir qui commençait déjà à se former. Entre cette voie et celle de la veille, d’une extrême à l’autre au niveau de l'équipement, il existe le style de grimpe que nous aimons. Assez ! Retour ! Mauvais choix quant à la ligne choisie pour sortir. Pas grave, les montagnes ne partent pas et nous savons qu’il existe une autre voie, très belle semble t’il, pour sortir la paroi. Nous reviendrons, peut-être en automne, car il semblerait que le temps soit encore, ici, plus instable qu’ailleurs, les embruns marins ne sont plus si loin. Nous avons vécus là-haut une expérience fabuleuse, mais il faut une bonne journée de récup ‘ après cela. Quant à la Supermattita, nous pouvons juste dire « bravo » à ceux qui l’ont répété complétement, ils ne doivent pas être nombreux. Pour nous, ça sent déjà bientôt la fin, nous remontons plus près de la maison, au nord des Dolomites, au Passo di Sella.
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