Nicolas Zambetti

Dolomites, Marmolada

Dolomites 1994, 2009 et 2012:

31.07 au 3.08 2012, quelques jours de "vacances" au Rifugio Fallier au pied de la face sud de la Marmolada avec mon ami Antonin Guenat.

31.07, après avoir repéré l'attaque de notre futur projet, c'est la sieste bien méritée. Hélas un énorme orage, avec des chutes d'eau impressionnantes nous font un petit peu douter quand même.

1.08, 5h, le réveil, il fait beau mais la paroi est trempée. Nous montons gentiment au passo d'Ombretta pour faire la voie "Viva Gorbi" sur un joli pilier moins mouillé que le reste. 5 superbes longueurs très engagées nous donne le ton pour le lendemain. C'est très sérieux ici et le rocher est hallucinant.

2.08, "ATTRAVERSO IL PESCE" à la face sud de la Marmolada

avec la force de l'un et l'intelligence de l'autre, on devrait y arriver... c'est parti pour les grandes longueurs du bas, très "montagne" ou il faut toujours passer au plus facile. Puis c'est enfin ce mythique bouclier, on grimpe moins vite, on hésite un peu plus mais ça passe bien. Le célèbre dièdre évasé me procurera mon instant de repos tant attendu ( 5 minutes sur le crochet) avant de repartir, les vacances, c'est toujours trop court. De toutes façons, personne ne se repose vraiment, c'est soit de la grimpe méga engagée en tête, soit se coltiner le sac lourd dans des traversée en second, comme quoi, chacun en prend pour son grade. Après un petit casse croûte dans le poisson, il reste 5 longueurs, et non des moindres, et l'orage qui gronde au loin... Allez, c'est pas pour nous pour le moment. Nous nous en sortons plutôt bien, en tirant quelques sangles et en faisant un petit pendule sur une micro lunule dans une dalle lisse, et dire que ça s'est fait en solo!! Après 10h et 20 longueurs d'escalade grandiose, nous avons tout les 2 la banane au visage sur la grande vire. La descente en rappels peut commencer, munis de pitons, marteau et cordelettes pour renforcer un peu. L'orage nous cueille mais 2 heures après nous recevons les félicitations du gardien du rifugio et mangeons à notre faim avec des habits secs.

Nous avons utilisés un bon jeu de camalots jusqu'au 3,5, quelques petits en double, des coinceurs, 1 crochet (pour un pas), et planté 1 piton + retapé quelques autres. Le topo d'Arnaud Petit dans son livre "parois de légende" est très bien fait et nous a été fort utile.

3.08, il pleuvine, retour en Suisse. Sur l'autoroute, nous dépassons plusieurs voitures munies d'un autocollant en forme de poisson. Nous pensons qu'ils ont peut-être fait la voie et que nous mériterions aussi d'en avoir un. Mais à regarder de plus près, je ne crois pas qu'ils l'aient fait et nous ne nous identifions pas du tout a cet autocollant.

Au final, chapeau bas aux ouvreurs, Igor Koller et Indrich Sustr qui en 1981 déjà avaient osé attaquer cet incroyable mur sans spits. Si l'éthique peut paraître ici un peu élitiste, il faut souhaiter que cela reste ainsi, car il faut de tout pour faire un monde.

22 juillet 2009, les "TEMPS MODERNES" à la face sud de la Marmolada:

En compagnie de David (de Belgique), nous nous sommes rendus au refuge Fallier au pied de la face sud de la Marmolada avec comme but, l'ascension de la voie des "Temps modernes". Cet itinéraire mythique de 800 mètres fut ouvert en 1982 par Heinz Mariacher et Louisa Jovane. Si la difficulté maximum n'est "que"* de 6c, il faut savoir qu'il n'y a aucun spits dans la voie, seulement quelques pitons. De plus, il est parfois dur de trouver son chemin. Comme quoi, il est bon de s'ouvrir l'esprit en changeant d'endroit pour grimper avec une éthique différente.

*clin d'oeil à certains grimpeurs d'aujourd'hui...

Nous avons parcouru la première longueur, la plus difficile, la veille, avant de descendre nous reposer au refuge. A 6h tapante le lendemain, nous attaquions la seconde, puis toutes les autres jusqu'au soir. Je me suis bien endurcis les neurones en menant la voie dans son intégralité. David s'est avéré être un second de cordée parfait en grimpant de manière efficace et rapide. Sur son dos, il avait un peu d'eau, quelques douceurs et quelques habits pour nous permettre de patienter, en grelottant, jusqu'à l'ouverture du téléphérique le lendemain matin.

Pour moi, ce fut une joie immense de pratiquer le métier de guide de cette manière. Toute ma gratitude va à mon second de cordée, merci David!

1994:

les Tre Cime di Lavaredo , Cima Grande, face nord: Via Comici et Via Brandler, suivi du Spigolo Giallo à la Cima Piccola, 3 voies en 3 jours, ouf...

Puis escalade détente au Passo di Sella dans la région de Val Gardena avant d'attaquer un autre monstre des Dolos, la Marmolada par la "Via Fortuna" dans la face sud. A la fin de la première journée, alors que nous étions bien engagés dans la paroi, sans possibilité de retraite puisque nous n'avions pas de pitons ni de marteau (...!!), et que les coinceurs utilisés ne nous inspiraient pas la moindre confiance, le ciel s'est fortement assombri. La face devenait petit à petit un piège mortel. Sans perdre de temps, nous avons pendulés dans une voie plus aisée à gauche, la "Via del Ideale". A quelques instants de la tempête, une superbe grotte au 17e relais de cette voie nous à accueillis. Nous avons rarement eu autant de chance au cours de notre vie. Les orages ont éclatés toute la nuit durant. Au matin, c'était à nouveau bleu. Nous avons décidé de sortir par la voie la plus facile de la partie supérieure, il s'agissait de la sortie du "Poisson". Une longue cheminée dégoulinante en 3e degré nous a permis de rejoindre la station du téléphérique juste avant que l'orage n'éclate à nouveau.

Nous avions gravi cette énorme face de 900m en combinant 3 itinéraires par pur nécessité. L'expérience fut mémorable et les souvenirs demeurent intense.

Nicolas Zambetti

Dolomites, Marmolada

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