CervinMon histoire avec le « Toblerone » valaisan en est une parmi tant d’autres, mais toujours est-il que je suis assez attaché à cette montagne. Ce fut mon entrée dans la « cours des grands » grâce à cette ascension prématuré de la face nord en 1990. Rêvant depuis tout gamin d'êtres alpiniste, il était normal que celle-ci soit l’une des premières à figurer à mon palmarès. Que ce soit par la voie mythique des frères Schmidt est venu du fait que nous étions joueurs, jeunes, motivés et ambitieux. Désormais, c’est aussi l’une des montagnes que j’ai gravie le plus souvent avec des clients. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, sa forme et son isolement lui donne quelque chose de particulier. Pour la savourer à sa juste valeur, il est mieux d’éviter la période qui va de mi-juillet à mi-août, la fréquentation de l’arête du Hörnli en particulier, peut fortement décevoir et gâcher le plaisir. Mais en septembre ou octobre, c’est juste parfait. C’est aussi une montagne à ne pas sous-estimer, et je ris jaune quand on me dit, « ça m’intéresse pas, c’est facile », en général je réponds : « ben t’es jamais allé voir ! ». Elle génère beaucpoup de rêves, il n’est pas impossible que j’y retourne un jour pour une ou plusieurs voies différentes dans lesquelles je n'ai pas encore posé les doigts , en particulier ce rêve là que le rouleau compresseur de la vie m'avait empêché de réaliser à l'époque. En attendant, voici une liste exhaustive de mes ascensions réussies : 22 juillet 1990, Face nord, voie Schmidt en compagnie de Christophe Germiquet. Notre baptême du mixte et les beaux yeux de la gardienne nous avaient marqué au fer rouge. 19 juillet 1995, arête de Zmutt en solo. Le Cervin pour moi tout seul, bien petit là-bas derrière, jusqu’à ce que je dépasse la cohue de la voie normale dans la descente. Une préparation pour la Face nord des Droites. 20-21 juillet 1996, tentative de répétition de la voie « Aux amis disparus », dans les surplombs du nez de Zmutt en compagnie de Gregory Kaesch. Une attaque difficile à trouver, des doutes, et une ambiance austère, nous font nous échapper sur l’arête de Zmutt pour y bivouaquer froidement avant de rejoindre le sommet. Nos gros sacs de matos nous empêchent de courir. Depuis là, les ascensions suivantes ont toutes étés effectués dans le cadre de mes activités professionnelles: 1er août 2001 (encore aspirant guide), arête de Zmutt et descente par l’arête du Lion en Italie, avec Philippe Gasser. 6 septembre 2003, arête du Hörnli en compagnie de Patrice Eschmann 9 août 2004, traversée Lion – Hörnli dans la neige et le brouillard avec Françoise Charmillot. 13 août 2009, arête du Hörnli avec Françoise Bichsel, que de monde, et des bouchons !! 24 août 2013, arête du Hörnli avec Gisèle Burkhardt. Le piolet se met à chanter non loin de la cabane, la foudre tombe, pas sur nous heureusement. 28 octobre 2014, Face nord, voie Schmidt en compagnie de Greg Röder. Conditions fantastiques, grimpons beaucoup à corde tendue et sortons la face en 6h30. Que d’émotions pour moi de revenir dans cette voie, 24 ans après. Ambiance d’automne géniale, et nous sommes seuls sur la montagne. 27 août 2017, arête du Hörnli avec Séverine Röösli. 5 heures de montée, 4 heures de descente, c'est tout de même le temps idéal qui fait que l'on ne rate pas le téléphérique pour redescendre à Zermatt. 27.08.2019, Cervin par le Hörnli C’est à 6 que nous nous rendons à la cabane Hörnli, au pied du « caillou ». Ca fait un petit moment que j’ai trois demandes en suspend, à savoir celles des régionaux Chantal Cano, Claude Gafner et Laurent Farine. N’étant qu’un visiteur occasionnel de la montagne mythique, pas un accro à la mine d’or qu’elle représente, j’ai donc sollicité les services de Christelle Marceau et Sébastien Monney, tous deux aspirants-guides pour me soulager de deux montées (parce qu’il ne faut pas exagérer… ;-). C’est plus sympa de faire cela tous ensemble et de faire bosser la relève. C’est passablement songeur que je découvre, lors de l’apéro des guides, que la cabane est pleine. Je croyais naïvement qu’en semaine à la fin août, ce serait plus calme. Quel bordel ça va de nouveau être là haut ? En même temps, je ne peux que comprendre ce désir de vivre cette expérience, j’ai aussi passé par là. Après avoir attendu près de 30 minutes que le bouchon se résorbe à la corde fixe du départ, nous pouvons enfin décoller, en queue de train. Il faut dire que ce premier pas met de la distance entre les cordées, ainsi nous pouvons progresser sereinement. 4h30 plus tard, nous nous retrouvons tous à 4478m. Les nombreux croisements à effectuer se sont également passés tout en politesse. Il faut dire que c’était quasi 100% de guides qui travaillaient ce jour-là, je ne fais pas de pub, mais il faut saisir la différence. Bref, à 17h nous savourons la choppe au Pöstli de Zermatt avant de retrouver nos logis respectifs. Bravo c'téquipe et merci pour votre confiance
25.08 2020, Cervin par le Hörnli C’est difficile, chaque fois qu’on y va, de ne pas faire les mêmes photos. La différence vient des personnes qui vous accompagnent, qui elles, changent, normalement. Malgré tout, j’ai toujours mon appareil en bandoulière pour offrir si possible de beaux souvenirs à ceux qui me font confiance. Encore faut-il avoir le temps, et la possibilité de le dégainer sans mettre la cordée en danger. J’essaye ici de montrer quelques images qui ne ressemblent pas aux ascensions précédentes. Quand on guide, c’est aussi difficile d’éviter l’incontournable Cervin et son arête du Hörnli. Nous avons, en ce 25 août 2020, effectué une ascension très efficace en 3h40 avec Aurélie, 17 ans, pour son travail de maturité, accessoirement son rêve. Il s’agissait là, bien sûr, de la mise en pratique de ses recherches. Avec nous, Claude son oncle (qui y prend goût, voir 2019), bien accompagné par Antoine. Pour plus d'informations...Article du quotidien jurassien à l'occasion des 150 ans de la première. Informations pour gravir le caillou Galerie photo
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